LA SAISON 5

Contrairement à ce que j’ai pu éprouver en revoyant les saisons précédentes, j’ai été un peu déçu en regardant à nouveau celle-ci. Cette saison est connue pour être celle qui a consacré « Dynastie », en en faisant la série numéro 1 à l’époque (elle était déjà numéro sur ABC depuis deux ans). Ce qu’on dit rarement, c’est que c’est également celle qui a tout mis en place pour préparer la chute prochaine du feuilleton, bien que ces éléments négatifs restent encore en seconde position par rapport au plaisir qu’on peut éprouver à suivre ces épisodes. Il y a plusieurs choses qui m’ont déçues : la première, celle qui m’a le plus marqué, c’est la baisse flagrante de qualité dans les dialogues. Il y a vraiment peu de bons mots et d’échanges mémorables entre les acteurs. Ce sont en particulier les petits numéros d’Alexis qui tombent à plat, notamment lorsqu’elle se heurte à Dominique ou à Ashley.
Le second « détail », c’est le choix des acteurs. Dans les saisons précédentes, il y avait bien sûr Jack Coleman (toujours présent dans celle-ci) qui était un peu palot, Helmut Berger (Peter), aussi sexy dans le rôle d’un play-boy milliardaire qu’un gant de toilette gris, et Lee Bergere (Joseph) et Geoffrey Scott (Mark) apparemment peu concernés par leur rôle, mais jusque-là rien de catastrophique. Mais dans la saison 5, il y a tout d’abord Catherine Oxenberg, qui est presque aussi mauvaise actrice qu’elle est belle. Ce qui est bizarre, quand on regarde la série en VO tout du moins, c’est qu’elle est très irrégulière. Dans certaines scènes, elle parvient à réciter son texte de manière naturelle et d’autres, pas du tout. Elle a également beaucoup de mal à être correcte dès lors qu’elle se retrouve en présence de Michael Praed (le prince Michael), qui devait sans doute beaucoup la faire rire à ce moment-là. Ce défaut, particulièrement irritant, va s’aggraver nettement au début de la saison 6 quand ceux-ci se montreront absolument incapables de jouer sérieusement leurs scènes avec la fausse Krystle ou avec le roi Galen, tout juste secouru de son donjon (contrairement à Linda Evans, John Forsythe, Joan Collins et Michael Nader, qui savent garder leur calme même dans les scènes les plus grotesques). Il faudra attendre la seconde moitié de la saison 6 pour que Catherine Oxenberg démontre enfin du sérieux et des réelles qualités d’actrice qui seront récompensés, comme tout le monde la sait, par…son renvoi de la série.
Le deuxième mauvais acteur de la saison 5, vous l’aurez compris, est Michael Praed, qui parvient à faire illusion face à Joan Collins ou John Forsythe, mais qui est lui aussi très mauvais dès lors qu’il est en face de Catherine Oxenberg. Mathématiquement parlant, on dit que - par - = + mais pas avec ces deux-là. Là, on peut dire que - + - = 2 –
Les deux dernières horribles recrues de cette année sont Ali Mc Graw, pourtant censée être un atout pour les producteurs, mais qui se montre tout à fait incapable de donner autant de charme à son personnage que peuvent le faire Joan Collins ou Diahann Carroll. Quand on pense que la production avait pensé à la superbe et pétillante Raquel Welch, il y a de quoi se sentir frustré (bien mal en aura pris à Miss Welch, dont la carrière aurait pu redémarrer à ce moment-là). Il faut préciser que c’était la parti pris de Ali Mc Graw de se montrer telle qu’elle l’est, c’est à dire dans des robes sobres et avec très peu de maquillage. Cela aurait sans doute convenu à « Dallas » mais pas à « Dynastie ».
Et enfin, il y a la palme d’or de tout le feuilleton, Kerry Armstrong alias la duchesse de Branah, qui est involontairement hilarante tellement elle est ridicule (défaut un peu gommé dans la VF où elle est doublée par une bonne comédienne). Si on l’avait interviewé à l’époque, je pense qu’elle aurait certainement déclaré : « j’étais le(a) seul(e) à auditionner ce jour-là alors c’est moi qu’on a engagé ! ». Heureusement que cette comédienne n’apparaît que dans peu d’épisodes et dans un rôle très secondaire !
Enfin, le troisième et dernier défaut de la saison, c’est cette impression de vacuité qui découle de scénarii mal exploités, stoppés en cours de route ou tout simplement ratés. Cet important problème commence dans la seconde partie de la saison (moins réussie que la première), et s’estompe petit à petit avant de recommencer à la toute fin avec ce non-sens total qu’est l’arrivée de la fausse Fallon. Alors, d’où provient-il ce problème ? C’est simple, Eilen et Robert Mason Pollock, qui avait « drivé » de près la série durant les saisons 2 et 4 ne le font plus désormais que de loin et ont délégué la tâche à Edward de Blasio, scénariste ayant écrit le plus de scripts de la série (de la saison 1 à et qui est pourtant talentueux. Et puis, il y a surtout Camille Marchetta, auteur sur les deux premières saisons de « Dallas » (c'est-à-dire jusqu’à la tentative d’assassinat de JR qu’elle aurait, dit-on, imaginée), sur la huitième de « Falcon Crest » (que je n’ai pas vue mais qui est parait-il très décevante) et sur la deuxième de « Central Park West » (celle où tous les personnages de la première saison sont « ruinés » - pas au sens monétaire ! – les uns après les autres et où les nouveaux personnages sont des clones de « Dynastie » - la scène finale est d’ailleurs éloquente sur le recopiage en règle de notre cher feuilleton). Camille Marchetta a d’ailleurs bien du mal à écrire les synopsis des épisodes seuls et s’est entourée d’autres auteurs pour ce faire : Joel Steiger (« Matlock », « la loi est la loi »…) qui a écrit le procès d’Alexis (d’où un côté plus « Perry Mason » que soap opéra dans ces épisodes), Donald R. Boyle (« Manimal », « l’homme qui valait trois milliards » et… « Alerte à Malibu »), chargé des épisodes où Daniel Reece et Dex partent en missions secrètes à l’étranger (missions qui confèrent un côté assez ridicule au feuilleton sans pourtant nuire à celui-ci comme cela sera le cas dans la saison 6 lorsqu’Alexis et Dex partiront en Moldavie sauver le roi, grimés en bonne sœur et en paysan !!) et enfin Susan Baskin (Remington Steele) , qui a co-écrit la plupart des épisodes et qui a apporté un certain rythme par rapport aux rares épisodes que Camille Marchetta a écrit seule. Il est vraiment regrettable que Eilen et Robert Mason Pollock aient cessé d’écrire les synopsis directement au lien d’en déléguer la tâche à d’autres, car leurs remplaçants ont bien eu du mal à garder le contrôle du feuilleton.

Pour en revenir aux scénarii mêmes, on notera que les tous premiers épisodes collent mal à la fin de la saison 4. Steven et Claudia ne s’entendent soudainement plus, Adam décide tout d’un coup de ne pas avoir d’aventure avec Sammy Jo (les scénaristes ayant entre-temps décidé de le lier à Claudia, ce qui aurait été mal accepté par les téléspectateurs s’il avait déjà couché avec une autre ex-femme de Steven…), et surtout Steven révèle avoir vu sa mère tuer Mark Jennings alors qu’il était parfaitement à l’aise avec elle dans l’avant-dernier épisode de la saison 4, après que le dit meurtre ait eu lieu… Puis il y a le faux-pas du quatrième épisode où l’enterrement de Fallon est vite éclipsé par la joie de retrouver Danny. Il est particulièrement maladroit de la part des scénaristes d’avoir fait se croiser ces deux évènements puisque du coup aucun n’est exploité comme il se devait. Après cela, le feuilleton redécolle et ne déçoit plus entre les révélations de Dominique, le procès d’Alexis, l’arrivée d’Amanda, le mariage d’ Alexis et de Dex (qui a pourtant couché avec Amanda), les relations tendues entre Claudia et Steven et l’arrivée d’un autre personnage important, Daniel Reece.
Hélas, l’histoire de Dominique s’achète précipitamment lorsqu’on apprend que Tom Carrington est toujours en vie et qu’il reconnaît Dominique comme sa fille. Pourquoi avoir terminé aussi brutalement cette histoire me direz-vous ? Tout simplement pour libérer Blake de cette histoire et lui permettre d’avoir un semblant d’aventure extra-conjugale avec cette inutile Lady Ashley, personnage raté (comment croitre une seule seconde qu’elle et Alexis se connaissaient à l’époque où leurs défunts époux étaient amis ? Alexis n’a été mariée à Cecil que deux minutes !! L’a-t-elle rencontrée dans le couloir du Denver Memorial lorsque Cecil était hospitalisé ??) et dont les scénaristes ne savent manifestement pas quoi faire (hormis lui faire prendre des photos de tout le monde, au point que cela en tourne presque au gag). Dans le même temps, le potentiel de Daniel Reece (qui, lui, est un personnage intéressant et qui apporte quelque chose à Krystle) se voit considérablement réduit par l’état de santé de Rock Hudson, qui décline à chaque épisode. Heureusement, les scénaristes parviennent à sauver les meubles (pour ce faire, les scènes avec Reece dans les derniers épisodes ont dû êtres écrites et tournées à l’avance par rapport aux autres) même s’ils ne réussissent pas à l’ « amener » jusqu’en Moldavie où il était prévu qu’il disparaisse.
Avec Dominique aussi, les scénaristes parviennent à sauver les meubles. Du moins, pour un temps. Puisque Blake n’est plus son ennemi, c’est bien logiquement qu’Alexis le devient. Mais cela ne dure guère et surtout, on n’a même pas droit à un petit cat-fight de rigueur, alors que cela semblait s’imposer à présent que cela ne risque plus d’arriver entre Krystle et Alexis, qui n’ont quasiment plus aucune scène commune. Cependant, c’est paradoxalement un point assez remarquable dans cette saison : il n’y a pas de cat-fight, de bal masqué ou de carrousel, quasiment pas d’échanges haineux entre Alexis et Blake et pourtant le feuilleton n’est pas ennuyeux pour autant. Au contraire, on a l’impression que les scénaristes veulent « avancer », ne pas laisser leur personnage s’enfoncer dans une caricature. La scène où Alexis rend à Blake 75% des gisements de mers de Chine est particulièrement éloquente : Alexis a refait sa vie avec Dex, et n’est plus obsédée par l’idée de se venger. Tout cela sera remis en cause dans la seconde moitié de la saison 6, lorsque les scénaristes ne sauront plus quoi faire pour sauver la série que de revenir aux histoires de guerre entre Blake et Alexis. Krystle aussi « avance » dans cette saison : elle lance son propre business, encouragée par Daniel Reece (et c’est en ça que le personnage se montre important dans l’histoire, sans compter que sa mort va faire de Sammy Jo une riche et puissante héritière) et ne se contente plus de rester dans l’ombre de Blake. Là encore, la seconde moitié de la saison 6 va revenir là-dessus, ce qui s’avérera terrible pour le personnage qui aura déjà bien souffert en restant enfermée des mois durant dans un cellier avec Joel Abrigore…
Pour en revenir à Dominique, le personnage connaît une troisième et pénible période après le départ de son mari Brady. Pour la petite histoire, Billy Dee William (qui incarne Brady) en a eu assez de n’avoir aucune histoire à lui et a quitté le feuilleton pour devenir la star d’un autre, de courte durée (moins d’une dizaine d’épisodes avant qu’il ne soit annulé). Pour donner à Dominique quelque chose à faire, on lui invente une dépression nerveuse, qui prête assez à rire lorsqu’on pense à l’arrivée triomphale du personnage, censée bouleverser la série. La pauvre devra attendre la saison suivante pour avoir de nouveau une histoire correcte.
L’autre personnage qui souffre cruellement cette saison, c’est Adam. Comme Fallon, il aura eu une première saison phénoménale où il aura vraiment alimenté l’intérêt des téléspectateurs. Puis, il a eu une saison moins marquante mais où les faiblesses de son personnage auront touché. Sa troisième saison est en revanche largement décevante et il lui faudra patienter jusqu’aux derniers épisodes pour retrouver le personnage tel qu’on le connaissait (ou presque).
Cette saison marque un tournant décisif de la série, notamment avec le fameux mariage royal. Jusque là, les scénaristes marchaient beaucoup dans les pas de « Dallas », notamment avec les histoires de pétrole. Or, après que Blake a récupéré sa compagnie (dont les décors ont été refaits pour l’occasion), les histoires de business passent largement au second plan et « Dynastie » en profite pour s’aventurer dans des histoires inimaginables dans « Dallas ». Tel le mariage royal. La famille Carrington elle-même étant devenue une sorte de monarchie américaine, quoi de plus normal que de marier l’un des membres à un prince ? C’est d’autant plus bien trouvé que Catherine Oxenberg est justement une véritable princesse et qu’à cette époque la vie de la princesse Diana et du prince Charles passionne les foules. Cependant, et sans sûrement ce que les producteurs n’ont pas compris, cette histoire marche surtout parce qu’elle a été précédée de la romance de courte durée entre Amanda et Dex et qu’elle permet de tenir les téléspectateurs en haleine : « est-ce qu’Alexis va réussir à séparer définitivement sa fille de son mari ? » est une question bien plus importante que « est-ce que Amanda fera une bonne princesse ? ». Nul n’a vraiment envie de voir Amanda mariée à Michael et nul n’a envie non plus de voir Alexis divorcer de Dex pour devenir la reine du royaume fictif « à peine plus grand que Central Park » (dixit Mr Dexter). Trois fois hélas, c’est pourtant plus au moins ce que nous offrira la saison suivante. Mais jusqu’ici, tout fonctionne, même si Amanda et Michael sont un couple bien peu intéressant.
L’autre tournant de la série concerne Steven et son homosexualité, enfin assumée et affichée au grand jour. Les scénaristes se sont bien tirés de cette histoire, les conflits entre Steven et Claudia étant notamment très touchants. Luke est un personnage un peu lisse (surtout comparé à Bart Fallmont) mais cela n’est très important. Il faut reconnaître que pour l’époque (la moitié des années 80), « Dynastie » est allé jusqu’à la limite de ce qui était montrable dans un feuilleton grand public destiné aux Américains moyens. C’est d’autant plus épatant que ça n’a pas été le cas pour l’histoire de Dominique, elle aussi révolutionnaire pour l’époque puisqu’elle traitait des enfants noirs illégitimes. Or, le terme « noir » n’est jamais prononcé une seule petite fois, ce qui ramène tout ça à une simple histoire d’enfant illégitime, comme il y en a déjà eu d’autres dans les soap opéras. Autant, je trouve intelligent de ne pas avoir souligné le fait que Dominique était une noire riche (une première dans une série télé, les personnages de couleurs étant jusqu’ici limités aux classes sociales moyennes, voire pauvres), autant il parait invraisemblable que personne ne soupçonne pas Blake ou Alexis d’être raciste quand ceux-ci refusent d’accueillir Dominique dans leur famille (on peut se demander d’ailleurs si Alexis n’est pas réellement raciste : Blake ne croyait pas Dominique mais après l’aveu de son père, il a accueilli sa sœur à bras ouvertes mais quelle est la raison qui pousse Alexis à repousser Dominique ?). Ces deux histoires et ce, bien qu’elles ne soient pas toutes les deux aussi réussies l’une que l’autre, renoue avec la première saison de la série, et avec les ambitions des créateurs de « Dynastie », Esther et Richard Shapiro. Ca semble à priori incroyable car plus que les trois saisons précédentes, celle-ci paraissant à mille lieues de la première. Mais c’est là la plus grande réussite de « Dynastie », et de cette année tout particulièrement : bien que la série apparaisse elle-même comme assez conservatrice, on doit reconnaître aux Shapiro et à leur équipe une persévérance louable dans l’instillation de leurs idées plus larges. On peut appeler ça de la compétence commerciale, mais c’est aussi une forme de diplomatie: hurler avec les loups, en plaçant un ou deux miaulements dans le vacarme. Entre temps, on a introduit Dominique Deveraux et Luke Fuller et quelques tabous ont sauté. Ça n’a l’air de rien, mais faire passer ces messages de tolérance sans scandaliser les foyers « moins sophistiqués » relevait de l’exploit à l'époque.

La fin de la saison marque le summum de « Dynastie » avec l’attentat en Moldavie. Mais, dans exactement le même temps, le feuilleton chute gravement en introduisant la deuxième Fallon, en officialisant le couple Adam-Claudia et flinguant tous ses personnages sans avoir pris la peine de réfléchir aux conséquences. Mais comme j’ai été trop long, je m’attarderai là-dessus lors de mon analyse de la saison 6. J’espère que ça vous intéresse en tout cas !

Excellente analyse !

Merci Gilles, tes analyses sont toujours intéressantes Je ferai aussi bientôt mes propres commentaires sur cette saison lorsque je l'aurai re-visionné, mais au rythme où je vais çà risque de prendre du temps...
J'ai commencé à revisionner la saison 3, mais comme je viens de recevoir le coffret DVD de la saison 2, ma préférée, je vais y revenir plus en détails...

merci tes analyses sont vraiment tres interessantes merci

Au lieu d'Ali Mc Graw, certes très connue pour Love Story, qui n'est vraiment pas une grande actrice (en tout cas pour Dynastie), les producteurs auraient pu penser à Leslie Caron, actrice française certes un peu oubliée aujourd'hui (tout comme Ali Mc Graw d'ailleurs) mais qui a eu son heure de gloire à Hollywood dans les années 50/60. C'est une grande actrice qui aurait été plus adapté pour le rôle d'Ashley, la parisienne...

Merci à vous de m'avoir lu bien lu j'ai été un peu long.

adam a écrit:

Au lieu d'Ali Mc Graw, certes très connue pour Love Story, qui n'est vraiment pas une grande actrice (en tout cas pour Dynastie), les producteurs auraient pu penser à Leslie Caron, actrice française certes un peu oubliée aujourd'hui (tout comme Ali Mc Graw d'ailleurs) mais qui a eu son heure de gloire à Hollywood dans les années 50/60. C'est une grande actrice qui aurait été plus adapté pour le rôle d'Ashley, la parisienne...

De toute manière, beaucoup d'actrices auraient été bien mieux lol! Je pense qu'on a pris n'importe qui car il n'y avait de gros budget disponible. Pour la petite histoire, on dit que ce sont les dirigeants d'ABC qui ont eu la (mauvaise) idée de demander à ce qu'on ajoute un personnage féminin pour tenter Blake pendant que Daniel Reece essayait de conquérir Krystle. Heureusement que les scénaristes ont inventé cette histoire de photos volées (bien que ça soit parfois tiré par les cheveux - comme lorsque Blake et Ashley se font photographier dans la salle de billard du manoir!) qui donne du piment à l'intrigue. D'autant que contrairement à l'histoire des violettes de la saison 4, il n'y a pas d'incohérences lorsqu'on découvre que Morgan Hess et Sammy Jo sont derrière le coup (même s'il aurait été plus surprenant qu'il s'agisse d'Ashley!)

L'autre problème d'Ashley concerne sa "love-story" (ah ah) avec Jeff. Certes cela aura permis d'abréger celle de Nikki et de Jeff, qui n'avait plus d'intérêt une fois l'histoire du trésor terminée (je pense que tout le monde sera d'accord pour dire qu'on se fiche pas mal du trésor mais que ça reste tout de même intéressant car lié à la disparition de Fallon), mais, comme pour Dominique, on remarque que les scénaristes se refusent à pointer du doigt ce que n'importe qui remarque au premier coup d'oeil: la différence d'âge entre Jeff et Ashley.
Ce qui est très frustant, c'est que dans la première version du script de "Royal Wedding" (dernier épisode de la saison), la conversation entre Ashley et Dominique parlait justement de cette différence d'âge mais pas la version définitive (beaucoup plus vague et peu "spécifique"). Pour infos, j'ai recopié la conversation originale sur mon site (page "coulisses"). Alors pourquoi l'a-t-on changée, mystère! Peut-être était-ce une demande d'Ali McGraw, vexée qu'on aborde ce sujet? Ou alors est-ce que les producteurs ont eu peur de la froisser et on fait réécrire le texte?

Concernant certaines incohérences de Dynastie, je pense qu'elles sont bien plus flagrantes aujourd'hui pour une raison assez simple. Lors de la toute première diffusion, le télespectateur devait attendre une semaine pour connaître la suite. Comme si, la série se passait en temps réel. Pour reprendre un exemple de Gilles, au début de la saison 5, "Claudia et Steven ne s'entendent soudain plus". J'ai ressenti ça aussi en regardant les rediff sur Téva à raison de deux épisodes par jour. Le rythme s'accélère, on a encore en tête les détails des épisodes vus la veille. Mais sachant qu'il se passe plusieurs mois entre la fin d'une saison et le début d'une autre, à l'époque ça devait mieux passer. En 3 mois, un couple peut évoluer considérablement (surtout avec un mari gay, lol) Aujourd'hui, on regarde les épisodes à un rythme très différent (et si vous êtes comme moi, ça signifie le plus d'épisodes en moins de temps possible...j'adore me faire des marathons séries) et effectivement, on a tendance à se dire que certains retournements de situation sont un peu trop rapides, et donc peu crédibles. C'est tout au moins ce que j'en pense, et vous?
Moi, un détail m'a choqué à l'époque. C'est la scène où Jeff regarde en les survolant des photos prises par Ashley. Soudain il s'arrête devant une photo prise de haut d'un gros groupe de personne et où les visages sont gros comme des têtes d'épingle. Il saisit une loupe et dit "C'est Fallon, elle est vivante". Je dois avouer que les deux fois où j'ai vu cette scène, et avec 20 ans d'écart, j'ai éclaté de rire...

Oui je suis d'accord avec toi Vaveb, d'autant plus qu'à l'époque, la notion de "rediffusions" n'existaient pas vraiment, les producteurs n'imaginaient pas que leurs programmes seraient encore à l'antenne plus de vingt ans après.

Je viens de me rendre compte que j'ai oublié de parler plus haut des décors de cette saison. Or, comme les costumes, les décors de "Dynastie" contribuent au succès de la série. Dans "Dallas", "Côte Ouest" ou "Falcon Crest" (surtout dans "Falcon Crest" d'ailleurs!), les décors en plateau sont assez basiques et les producteurs mettent l'accent sur les extérieurs. Mais dans quasiment toutes les productions d'Aaron Spelling, c'est le contraire: les extérieurs sont assez banals (la manière dont ils sont filmés l'est aussi) mais un extraordinaire soin est accordé aux décors. Difficile d'oublier l'immense paquebot de "la croisière s'amuse" ou la résidence imposante de "Melrose Place" par exemple. Dans "Dynastie", c'est avant tout la maison Carrington que l'on retient. Si vous avez l'oeil, vous remarquerez que toutes les chambres (hormis la "master bedroom", c'est à dire la chambre de Blake et Krystle) sont retouchées chaque année (sauf dans les ultimes saisons) afin de rendre le manoir toujours plus magnifique.
Mais cette saison, une attention particulière a été apportée à l'hôtel "La Mirage", qui se voit métamorphosé quelques heures à peine après le départ de Fallon (Dominique mentionne cependant des travaux au tout début de la saison). Tout d'abord, le hall d'entrée disparait totalement, de même que le bureau de Fallon. Ensuite, la salle qui contient le bar et les tables pour déjeuner, le "Matador Bar" (sic!) perd son côté rustique pour adopter des couleurs très pastel (c'est tendance au milieu des années 80) et un nouveau nom, la "Sierra Room/Bar". Une partie surelevée avec un piano a même été rajouté, afin de mettre plus en valeur Diahann Carroll lorsqu'elle chante. Les chambres aussi changent beaucoup. Si celles de Claudia et Nikki gardent le style hispanique caractéristique de l'hôtel dans les saisons 3 et 4, les suites de Dominique et Ashley adoptent un style pastel qui n'a franchement rien à voir, de même que la suite saumon du prince Michael. Certes, l'hôtel est bien plus classe qu'avant mais il perd en "authenticité": comme son nom l'indique on a l'impression d'être dans un "mirage", un hôtel surréaliste où deux styles de décoration se cotoient sans que personne n'en soit choqué. L'absence de hall d'entrée renforce d'ailleurs le côté "inaccessible au commun des mortels".

Enfin, difficile de ne pas parler des costumes. Jusqu'ici, Joan Collins avait quasiment commis un sans faute. Mais dans cette saison (et dans la prochaine), elle semble avoir eu un malin plaisir à se faire faire des robes de plus en plus excentriques. Pour ne pas dire grotesques. Par exemple, comment oublier sa robe avec des épaulettes en forme d'anges qui lui vaudront des reproches de la part de la production (voir la biographie de l'actrice traduite par Thierry sur ce forum)? Les autres actrices sont heureusement beaucoup plus sobres, même si Catherine Oxenberg n'échappe pas non plus à quelques fautes de mauvais goût (sa robe avec des épaulettes à plumes grises a aussi marqué les mémoires...)

Bon, je pense avoir tout dit sur cette saison, il va falloir que je m'attèle à la saison 6 à présent!

vaveb a écrit:

Moi, un détail m'a choqué à l'époque. C'est la scène où Jeff regarde en les survolant des photos prises par Ashley. Soudain il s'arrête devant une photo prise de haut d'un gros groupe de personne et où les visages sont gros comme des têtes d'épingle. Il saisit une loupe et dit "C'est Fallon, elle est vivante". Je dois avouer que les deux fois où j'ai vu cette scène, et avec 20 ans d'écart, j'ai éclaté de rire...

Le pire c'est que j'ai déjà fait un arrêt sur image pour vérifier si on voyait bien Emma Samms!
Est-il besoin de préciser que je n'ai rien trouvé, lol?

Merci j'ai pris plaisir à lire ton excellente analyse, et il me tarde le mois prochain pour revoir cette saison en vf & vo.

Bonne fin de we.