Le succès de plus en plus grandissant de "Dynastie" dans la saison dernière correspondant à une chute d'audience de "Dallas" (la série n'est plus n°1 en 1983 et a perdu des millions de téléspectateurs depuis la saison 3 - celle où on découvre que la soeur de Sue Ellen a tiré sur J.R. - ce qui n'a néanmoins rien de catastrophique tant l'écart d'audience entre "Dallas" et les autres feuilletons de l'époque était gigantesque en 1981 et 1982), il ne fait aucun doute que le feuilleton qui nous intéresse avait tout pour devenir le nouveau programme préféré des américains. C'est déjà la série la plus suivie par les femmes, par la communauté noire (et sans nul doute la communauté gay, bien qu'à l'époque cela n'intéressait pas les sondeurs), la deuxième chez les adolescents et la troisième chez les hommes.
Mais deux facteurs vont empêcher "Dynastie" de devenir numéro 1 en 1984. Premièrement, les scénaristes et producteurs "Dallas" vont se défendre. L'an passé, ils avaient réalisé une excellente saison où s'opposaient un Bobby tenté par le" côté obscur" et un JR toujours aussi retors et infidèle à sa femme. Néansmoins, le manque de personnages féminins forts avaient fait défaut à la série. Cette année, ils mettent "le paquet" avec une Katherine Wentworth (manifestement habillée chez un confrère de Nolan Miller qui lui a notamment volé l'idée des immenses chapeaux) bien plus redoutable que Kristin Shepard, une Pamela bien décidée à refaire sa vie avec un autre homme qu'un Ewing et une Sue Ellen entichée d'un jeune homme fraichement sorti de l'adolescence. Sans compter une très belle histoire d'euthanasie, sujet courageux à l'époque.
L'autre problème de "Dynastie", c’est que la série ne parvient pas à captiver les téléspectateurs masculins comme peut y arriver "Dallas". On a beau avoir assagi Fallon par exemple, les personnages féminins ont toujours un net avantage sur les hommes, notamment Alexis qui réduit son nouvel amant, Dex Dexter, à l’état de jouet, voire d’objet sexuel. Et comme on peut difficilement « brider » Alexis sans ruiner la série, les scénaristes ne peuvent pas faire grand-chose contre cet état de fait. Mais Aaron Spelling et Douglas S. Cramer, prospères producteurs des années 80 ont une idée : attirer des guests-stars pour créer l'évenement. On commence avec le bal du carousel où s’invitent notamment l’ancien président Ford et son épouse, puis on enchaine avec une ancienne vedette européenne, Helmut Berger et on finit avec Diahann Carroll, actrice et chanteuse extrêmement populaire. Ceci dit, il faut être honnête et rappeler que c’est surtout Diahann Carroll qui a fait les démarches pour être dans la série, étant convaincue que la communauté noire devait se faire une place dans ce genre de série (elle avait tout d’abord tenté sa chance auprès des producteurs de "Dallas" qui, selon la rumeur, lui auraient répond qu’il n’y aurait JAMAIS d’acteurs noirs au générique de la série… Charmant !) Bref. Les Ford passant en coup de vent et Carroll arrivant dans les deux derniers épisodes, sans que sa présence soit vraiment expliquée (la révélation qu’elle fait dans le bureau de Blake constituait d’ailleurs le secret le mieux gardé de la série – plus que le cliffhanger de fin de saison ! – au point que des versions alternatives et fausses ont été tournées), c’est surtout Helmet Berger qui incarne ce nouvel « atout » de la série. J’ajoute des guillemets pour bien marquer que cela est ironique, Berger étant à ce stade de sa vie un acteur déchu, qui est bien loin de représenter un quelconque atout. Non seulement il est incroyablement inexpressif à l’écran (c'est presque dommage qu’Emma Samms ne soit pas encore arrivée à ce moment-là, ils auraient formé un merveilleux duo…) mais il est trop fatigué pour réciter son texte correctement et du coup, dans deux scènes (plus la moitié d’une autre), on fait remplacer son personnage par un autre, ce qui est un procédé plutôt grossier. Puis, ce qui devait arriver arriva et Peter de Vilbis planta Fallon un peu précipitamment, à la plus grande joie des téléspectateurs. Il est clair qu’un acteur moins connu mais plus sérieux aurait largement fait l’affaire pour ce personnage. De toute manière, " Dynastie" n’aura jamais eu tellement de chance avec ses guests-stars, sauf celles venues de son spin-off "les Colby".
Pour en finir avec les détails de production, on notera peu de dépenses au niveau des décors cette année, le budget est plutôt consacré aux bijoux (de prestigieux créateurs tels que Tiffany sont même remerciés dans le générique de fin), aux fleurs et… à la nourriture, particulièrement présente à l’écran dans la seconde moitié de la saison (souvenez-vous de ces repas gargantuesques engloutis par une Alexis pourtant toujours aussi mince…)
Passons aux personnages à présent. L'an dernier, Fallon avait beaucoup déçu tandis qu'Adam avait fasciné. On attendait donc avec impatience de voir ce que les scénaristes leur avaient reservés. A n'en point douter, des efforts ont été faits pour faire à nouveau de Fallon une fille vive et gaie, et surtout volage, bien qu'elle ne repasse pas du côté des "fauteurs de trouble". On aurait certes apprécié que ces efforts aillent plus loin (Fallon aurait pu prendre de la cocaïne avec De Vilbis par exemple) mais c'est déjà louable. Et même si après le renvoi de Helmut Berger et l'annonce de Pamela Sue Martin de quitter la série, le personnage sombre à nouveau dans la dépression, cette fois on fait en sorte de rendre ce passage mystérieux: les maux de têtes de la jeune femme ne sont pas inexpliquées de manière rationnelle (on remarque d'ailleurs que sa première crise commence juste AVANT son accident et non après). S'ensuivra une "fuite amnésique" de la jeune femme, expliquée dans "les Colby" par le désir de fuire ses sentiments incestueux envers Adam. Pourtant, dans cette saison, Fallon ne parle quasiment pas à Adam, ce qui rendra cette explication peu plausible. A moins que l'on considère De Vilbis comme l'homme sur lequel elle reporte ses sentiments douloureux (il est vrai qu'il ressemble plus à Adam qu'à Blake, bien que Fallon semble persuadé qu'il est à l'image de son père!) Comme d'habitude, les scénaristes se garderont bien de développer mais je m'avance un peu en parlant ici des "Colby".
Je le disais, l'autre personnage qu'on attendait "au tournant", c'est Adam. Aussi redoutable (peut-être même plus) qu'Alexis, on imaginait qu'il allait lui créér beaucoup de problèmes durant cette saison. Or, c'est un autre aspect de sa personnalité qui va être exploité à présent. C'est son côté tourmenté qui est cette fois-ci mise en avant, de même que sa relation avec son père. On aurait pu craindre le pire mais finalement, le Adam de cette saison 4 s'avère touchant et on se prend d'affection pour lui, sans pour autant qu'il se transforme en angelot. Il faut dire que s'il fait tout pour se faire pardonner par Kirby (la scène la plus émouvante de l'année - la seule en fait!
- lui revient d'ailleurs, lorsqu'il perd sa petite fille lors de l'accouchement), cela ne l'empêche pas d'accuser sa mère d'avoir empoisonné Jeff. Par contre, il n'est plus aussi souvent mis en avant que dans les précédents épisodes, et Alexis n'est définitivement plus dans son ombre.
Le reste des personnages ne déçoit pas non plus: Blake, Krystle, Steven et Claudia restent fidèles à eux-mêmes, bien qu'ils sont de plus en plus lisses diront les mauvais langues (c'est surtout vrai une fois que le procès est terminé et que Blake et Krystle sont remariés).
Durement touchée par la fatalité, Kirby parvient enfin à créer de l'empathie chez le téléspectateur, surtout qu'elle ne se laisse pas happer par la dépression (il y aurait pourtant de quoi!) et cherche au contraire à venger son père, tout en continuant d'essayer de s'inclure à tout prix dans le clan Carrington-Colby, quitte à épouser un homme qui l'a violée (mais qui a réussit à se faire pardonner, il est vrai).
Mark demeure assez peu passionnant, particulièrement après s'être reconverti en garde du corps, mais ses conspirations avec Neil McVane mettent enfin en lumière l'aspect de sa personnalité qui a sans doute causé son divorce d'avec Krystle. Et puis, son "départ" est vraiment réussi!
Tracy est un personnage d'arriviste amusant et délicieusement caricatural (avec qui n'a-t-elle pas couché durant cette saison?) mais qui pâtit de scénarii totalement ratés. Son amitié de trois épisodes avec Adam, ses intrigues passagères pour décridibiliser Krystle, sa tentative ratée de séduire son patron et son espionnage pour le compte de Dex, tout ça ne mène strictement nul part et son départ en fin de saison paraît inévitable. On dit qu'au départ, les scénaristes avaient prévu qu'elle ait une aventure avec Blake mais que, comme d'habitue, John Forsythe s'y est opposé. Cela peut expliquer certaines choses, mais, soyons honnêtes, pas tout. De surcroît, on ne peut que soutenir John Forsythe das sa décision cette fois. Quel aurait été l'interêt de faire en sorte que Blake trompe sa femme alors qu'ils viennent juste de se remarier et qu'elle attend un enfant de lui?
Dex Dexter est l'un des personnages les sympathiques du feuilleton, mais dans cette saison, il paraît un peu palôt. Très clairement, il sert de "bouche-trou" (tout jeu de mots serait ici involontaire!!
) au personnage d'Alexis, qui n'a pas grand chose à faire pour s'occuper au milieu de la saison. Leurs scènes au sujet de la Lex-Dex et du rachat de l'entreprise Tar-Sands n'aurait d'ailleurs aucun interêt si elles n'étaient pas prétextes à des scènes tantôt sexy, tantôt romantiques entre eux. On regrette quand même qu'Alexis soit autant tenue à l'écart des affaires de famille cette saison (était-elle seulement au courant du fait que Adam allait avoir un fils de Kirby??)
Globalement, cette saison maîtrise bien ses personnages, mieux que dans la précédente, cependant on ne trouve plus de personnage fascinant qui tire son épingle du jeu par rapport à d'autres (comme Alexis dans la saison 2 et Adam dans la saison 3). Quant aux histoires, bien qu'aussi bien menées qu'en 1983 (et sans cet effet de "cassure" comme avec le plan de Mark Jennings de réconquérir Krystle qui s'était évanoui dans la nature) elles sont quand même moins fouillées. Et surtout, de très nombreuses fautes de cohérence comment à s'accumuler, alors qu'il n'y en avait quasiment pas précédemment. Cela peut s'expliquer en partie parce que les créateurs de la série étaient occupés à travailler sur "Emerald Point NAS" ("scandale à l'amirauté" en VF), un nouveau soap de leur cru qui n'a pas fait long feu.
LA SUITE DANS MON PROCHAIN MESSAGE.